L’intelligence relationnelle : qu’en est-il et comment diffère-t-elle de l’intelligence émotionnelle?
Pour comprendre pleinement l’intelligence relationnelle, il est essentiel de commencer par explorer le concept d’intelligence émotionnelle, un concept plus largement connu. L’intelligence émotionnelle (IE) s’est imposée comme une compétence clé en planification financière, gagnant en importance avec l’avènement de l’intelligence artificielle (IA). Cette compétence unique à l’humain englobe la capacité à identifier, interpréter et maîtriser ses propres émotions, tout en étant sensible à celles d’autrui. En planification financière, l’IE permet une meilleure compréhension des objectifs et des craintes des clients et des clientes, menant à l’élaboration de stratégies plus personnalisées et efficaces, tout en favorisant la création de relations de confiance durables, essentielles dans ce domaine.
Dans un secteur financier en pleine transformation sous l’impulsion de l’IA, l’IE demeure une compétence humaine distinctive. Elle met en évidence la nécessité pour les professionnels et les professionnelles de la planification financière de développer et cultiver ces aptitudes afin de rester compétitifs et pertinents dans un paysage professionnel en constante évolution. L’IE permet non seulement d’offrir un service plus personnalisé et empathique, mais elle constitue également un avantage concurrentiel face à l’automatisation croissante, en mettant en valeur les aspects uniques de l’interaction humaine dans le conseil financier.
L’intelligence relationnelle, quant à elle, se réfère à un ensemble de compétences permettant d’établir et de maintenir des relations saines et durables, en tenant compte des émotions personnelles et d’autrui. Cette forme d’intelligence repose sur la capacité à interagir harmonieusement avec autrui, favorisant des échanges constructifs et respectueux. Elle inclut des éléments tels que l’empathie, la communication efficace et la gestion des conflits, renforçant ainsi les connexions interpersonnelles essentielles dans divers contextes, y compris en milieu professionnel.
Pour mieux saisir les nuances entre l’intelligence émotionnelle et l’intelligence relationnelle, examinons leurs caractéristiques distinctives à travers une analyse comparative :
Intelligence émotionnelle (IE) |
Intelligence relationnelle |
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Définition |
L’IE fait référence à la capacité à comprendre, gérer et exprimer ses propres émotions tout en étant sensible à celles d’autrui1. |
L’intelligence relationnelle se concentre sur la capacité à entretenir des relations saines et durables grâce à la prise en compte de ses émotions et de celles des autres selon les situations et les personnes rencontrées2. |
Point central |
Gestion des émotions personnelles et empathie envers les émotions d’autrui. |
Qualité des interactions sociales et capacité à construire des relations de confiance. |
Objectif |
Améliorer la compréhension émotionnelle pour mieux interagir avec soi-même et autrui. |
Renforcer les connexions interpersonnelles pour collaborer efficacement et résoudre les conflits. |
Application en planification financière |
Permet de mieux comprendre les craintes, objectifs et motivations émotionnelles des clients et des clientes. |
Favorise la création de relations solides avec les clients et les clientes, basées sur la confiance et la communication efficace. |
Constats et complémentarité
L’intelligence relationnelle est essentielle pour établir et maintenir des relations saines et durables, en mettant l’accent sur la prise en compte des émotions personnelles et d’autrui. Elle favorise la qualité des interactions sociales et la construction de relations de confiance, qui sont cruciales pour une collaboration efficace et la résolution constructive des conflits. En permettant une meilleure compréhension des besoins et motivations des autres, l’intelligence relationnelle contribue à créer un environnement de travail positif et productif. De plus, elle nécessite une adaptabilité face aux différentes situations et personnalités, renforçant ainsi la capacité à naviguer avec succès dans les interactions humaines.
L’intelligence émotionnelle et l’intelligence relationnelle sont donc deux concepts complémentaires qui jouent un rôle fondamental dans le développement personnel et professionnel. Ensemble, elles améliorent les compétences interpersonnelles, facilitent la gestion des émotions et renforcent les relations, établissant ainsi un environnement favorable à la réussite en planification financière.
Intelligence émotionnelle et biais cognitifs
Cette section poursuit la réflexion entamée par Salomon Gamache, Vice-président en qualité et développement de la pratique, en explorant des biais cognitifs pertinents et potentiellement utiles. Faisant suite au dernier numéro d’octobre de La Cible, cette analyse approfondit la compréhension de ces mécanismes mentaux qui influencent les décisions financières. Comme nous l’avons exploré précédemment, l’intelligence émotionnelle joue un rôle clé dans la compréhension de l’impact des émotions sur les choix financiers et elle permet d’identifier et de surmonter les biais cognitifs des clients et des clientes et de favoriser leur adhésion aux recommandations.
En pratique, les clients et les clientes ne prennent pas toujours des décisions purement rationnelles. Leurs choix sont souvent influencés par des « raccourcis mentaux » appelés biais cognitifs. Ces biais peuvent affecter la façon dont les clients et les clientes perçoivent et traitent les informations financières, les amenant parfois à prendre des décisions qui ne sont pas les meilleures pour leur situation. Par exemple, nous sommes conscients que les individus ne font pas toujours le choix le plus avantageux concernant le moment de percevoir leur rente du Régime de rentes du Québec (RRQ). D’ailleurs, à ce sujet, je vous recommande la lecture d’un cahier de recherche publié en novembre dernier par deux professeurs et un chargé de cours de l’UQTR intitulée « Le choix du RRQ : Le pari du perdant ravi ». Cette étude examine cette problématique et illustre bien comment les biais cognitifs peuvent influencer des décisions financières importantes, même dans le cadre de programmes gouvernementaux bien établis comme le RRQ.
En reconnaissant certains biais cognitifs chez les clients et clientes, vous pouvez mieux les comprendre et les guider vers des décisions financières plus judicieuses. Il faut cependant garder à l’esprit que ces biais cognitifs, qui ont un impact dans la prise de décision, ne sont pas toujours évidents à repérer. Il existe une multitude de biais, souvent imbriqués ou interconnectés. L’objectif est d’aider les clients et les clientes à prendre de la distance par rapport à leurs réactions immédiates. Il convient de les encourager à examiner leur situation financière et leurs choix possibles avec un œil plus neutre et réfléchi. En procédant ainsi, vous les aiderez à prendre des décisions plus éclairées et mieux adaptées à leurs objectifs financiers à long terme.
Il existe divers biais cognitifs qui peuvent influencer les décisions financières des clients et des clientes. Ces biais sont variés et peuvent se manifester de différentes manières selon les individus et les situations. Bien qu’il soit impossible de les aborder tous en détail dans cet article, il est crucial d’en comprendre quelques-uns pour mieux accompagner vos clients et clientes. Examinons un exemple pertinent en planification financière : le biais attentionnel.
Le biais attentionnel
Le biais attentionnel décrit notre tendance à nous concentrer sur certains éléments et à en ignorer d’autres. Plusieurs facteurs peuvent contribuer à ce phénomène. Les clients et clientes sont souvent submergés d’informations financières, que ce soit par les médias, Internet ou leur entourage. De plus, leurs expériences personnelles ou celles de leurs proches peuvent fortement influencer leur perception des finances. Dans ce contexte, il est naturel que leurs décisions ne soient pas toujours purement rationnelles. En pratique, ce biais peut amener les clients et les clientes à se concentrer sur des détails mineurs tout en ignorant des aspects cruciaux de leur plan financier.
Exemple 1
Un client ou une cliente pourrait être tellement préoccupé par les frais de gestion d’un fonds d’investissement qu’il passe des heures à les comparer, tout en ignorant l’importance de la performance passée et de la stratégie d’investissement du fonds. Cette attention excessive sur les coûts pour le ou la conduire à opter pour un fonds moins performant simplement parce qu’il est moins cher.
Exemple 2
Un client ou une cliente pourrait se concentrer sur des statistiques récentes concernant la somme moyenne recommandée pour sa retraite, comme celles entendues à la radio. Et ce, au risque de négliger d’autres facteurs essentiels, tels que la valeur de son fonds de pension à prestations déterminées et la valeur des rentes du gouvernement, qui doivent être comprises dans ce montant. Cela pourrait l’amener à épargner plus que nécessaire, l’empêchant ainsi de profiter pleinement de la vie en se privant de certaines dépenses au lieu de trouver un équilibre financier adéquat.
Comment cela affecte les décisions financières
L’accent mis sur des détails, qu’ils soient petits ou grands, peut amener les clients et les clientes à ignorer des éléments essentiels de leur plan financier, comme la gestion des risques ou la planification adéquate de la retraite. Cela peut entraîner une mauvaise répartition des ressources et une exposition accrue aux risques financiers.
Voici quelques conseils qui pourraient être adoptés :
- hiérarchisez les informations : aidez votre clientèle à identifier les aspects les plus importants de leur plan financier ;
- utilisez des visuels : les graphiques et les tableaux peuvent aider à attirer l’attention sur les informations clés ;
- répétez les points importants : réitérez les informations cruciales pour vous assurer qu’elles sont bien comprises et retenues ;
- éduquez votre clientèle : expliquez l’importance de la vision à long terme et de la gestion des risques, et montrez comment les décisions impulsives peuvent nuire aux objectifs financiers.
Pour assurer l’efficacité de vos recommandations, il est crucial d’obtenir l’adhésion de vos clients et de vos clientes. Cela implique de comprendre leur processus de réflexion et leurs réactions face à diverses situations. Cette compréhension permettra de formuler des conseils qui seront non seulement écoutés, mais aussi mis en pratique par vos clients et clientes. L’objectif est d’aligner vos recommandations avec leur mode de pensée pour maximiser leur impact et leur adoption.