Dans un contexte de planification de la retraite, ou plus largement de planification budgétaire, l’une des hypothèses les plus importantes est le niveau des dépenses anticipées. Pour un jeune client ou une jeune cliente, il est généralement difficile d’effectuer cet exercice avec une grande précision sur le long terme. Cependant, à mesure que les clients et clientes avancent en âge, les choses ont tendance à se clarifier. En effet, le coût de vie se stabilise une fois que la famille est bien implantée, et les grands projets se définissent de manière plus précise.
Il existe, malgré tout, une catégorie de dépense qui reste souvent floue, mais qui présente une forte corrélation avec l’âge des clients ou clientes à partir d’un certain moment : les dépenses relatives au vieillissement. En plus des frais directement liés au maintien de la santé, le coût de vie, lié au logement et à certains services, est également corollaire à ce phénomène. Le total des sommes consacrées au vieillissement inéluctable peut représenter des montants considérables et affecter à la fois les objectifs du client et le plan d’action proposé.
Avant de discuter de ces dépenses, rappelons l’article 12 du Code de déontologie de la Chambre de la Sécurité financière qui indique notamment ce qui suit :
Le représentant doit agir envers son client ou tout client éventuel avec probité et en conseiller consciencieux, notamment en lui donnant tous les renseignements qui pourraient être nécessaires ou utiles.
Dans ce paragraphe, on retrouve la notion selon laquelle toutes les informations (tous les renseignements) doivent être prises en compte.
Or, certains de ces renseignements ont trait aux dépenses liées à la fin de vie. Les passer sous silence, particulièrement pour les clients ou clientes qui auront vraisemblablement besoin de la totalité de leurs actifs financiers tout au long de leur vie, pourrait constituer une faille déontologique dans certains cas.
Pour effectuer un travail adéquat à cet égard, il ne suffit pas de tenir compte des montants annuels des dépenses que votre client ou cliente risque d’encourir ; la durée des projections, basée sur son état de santé et sur des tables de mortalité, revêt également une grande importance.
Les frais reliés au maintien de la santé

Comme dans le cas de bien d’autres mots, la définition de « santé » peut varier d’un contexte à l’autre.
Les partisans d’une vision plus holistique de ce concept apprécient davantage la définition donnée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) : un état complet de bien-être physique, mental et social.
Cependant, de façon générale, et particulièrement si on fait référence à notre système de santé, qui absorbe 65,1% de nos taxes et impôts provinciaux1, on fait davantage référence à une définition plus restrictive : un état physique et mental où les diverses maladies sont contrôlées.
1 61,9 G$ de dépenses en santé pour 95,0 G$ de taxes et impôts selon le budget 2024-2025 du gouvernement du Québec
La santé globale
Si l’on adopte la définition de la santé de l’OMS, son maintien peut ne pas être trop coûteux. Il s’agit surtout de prévenir les maladies en adoptant une hygiène de vie appropriée. Ces dépenses peuvent notamment être regroupées en trois catégories : l’exercice physique, l’alimentation et le tissu social.
Si votre client ou votre cliente épouse déjà cette vision, il est possible qu’il ne prévoie aucune dépense supplémentaire directement liée à son vieillissement. S’il « prépare bien sa vieillesse », il fait déjà de l’exercice, il s’alimente déjà correctement et il est déjà socialement bien entouré.
Un ou une Pl. Fin. n’est pas le « coach de vie » de son client ou sa cliente, mais rien ne l’empêche d’avoir une discussion sur les implications financières de son état de santé et de l’informer, ou du moins de lui montrer comment s’informer, sur les meilleures pratiques pour « vieillir en santé ». La plupart des gens ne craignent pas de vieillir, mais de vieillir en mauvaise santé ou en perte d’autonomie. Ils ont peur de devenir un fardeau pour leurs proches. Vieillir en santé ou non fait une énorme différence, tant pour les coûts individuels que ceux assumés par la société.
Pour les personnes qui vieillissent « en santé », certaines dépenses peuvent augmenter. Par exemple, des suppléments alimentaires auxquels on attribue des vertus anti-âge peuvent coûter relativement cher. Cependant, comparées aux frais liés aux médicaments, ces dépenses restent très marginales.
Évidemment, pour ce type de client ou cliente, il s’agit d’augmenter ses probabilités d’éviter la maladie au maximum. Bien que la science du vieillissement avance rapidement, comme toutes les sciences, elle est loin d’être infaillible. Certains mécanismes sont encore très mal compris, en particulier dans des domaines où il devient de plus en plus évident que nous avons un certain contrôle, tels que l’épigénétique (l’environnement influençant l’expression génétique) et le microbiote.
Tant que la science n’a pas fait de progrès significatifs, il serait judicieux de tout de même prévoir une marge de manœuvre pour votre client ou cliente avant son décès. Cette marge serait utilisée davantage dans un contexte curatif que préventif, épousant ainsi la définition du mot « santé » avec laquelle notre fameux système est habitué de jongler.
La santé avec « présence de maladies contrôlées »
Ici, les dépenses relatives au maintien de la santé dans un contexte de vieillissement prennent surtout la forme de médicaments et de soins spécialisés.
Les clients et clientes, comme les Pl. Fin., considèrent dans bien des cas ces dépenses comme un remplacement d’un autre poste budgétaire : celui des voyages et des loisirs.
Il y a une certaine logique dans cette pensée. Il arrive un âge où le nombre de voyages décroît et l’une des raisons principales est la diminution de la capacité physique.
Toutefois, qu’est-ce qui nous permet d’échanger ces postes budgétaires sans autre considération? Pourquoi le montant alloué aux dépenses médicales, sur lequel le client ou la cliente n’a pas de contrôle, serait-il le même que celui accordé aux voyages et autres plaisirs? Contrairement à la prévention des maladies, ce poste budgétaire peut exploser.
Pour une personne en bonne santé, il est difficile d’estimer le montant des frais médicaux à un âge avancé. Dans ce contexte, à moins que le client ou la cliente ne vous donne une indication contraire, il est raisonnable de supposer que le poste budgétaire des dépenses médicales sera créé au détriment de celui des voyages et des loisirs, sans affecter le budget.
Dans le cas des personnes ayant déjà des frais médicaux élevés, il faut évidemment continuer d’en tenir compte, mais une discussion approfondie à ce sujet pourrait être indiquée. Vos clients ou clientes sont probablement les mieux placés pour vous donner une estimation des coûts, car ils ont certainement discuté avec leur médecin pour savoir à quoi s’en tenir. Évidemment, vous devez ne tenir compte que de la partie des frais qui ne sera pas remboursée par un assureur ou par le régime public d’assurance médicaments (RPAM).
Les soins à domicile
Outre le coût des médicaments et autres dépenses liées à la guérison ou à la réduction des symptômes de maladies, on peut subir des frais importants pour bénéficier de soins à domicile. Certaines personnes préfèrent payer des salaires à des préposés et demeurer dans leur maison le plus longtemps possible. Dans ce cas, les montants peuvent être substantiels. En effet, à un taux horaire médian de 19,65 $, une aide de dix heures par semaine coûte plus de 10 000 $ par année. Si votre client ou cliente nécessite une surveillance constante, il doit soit héberger une ressource à temps plein (en plus, possiblement, de quelques heures données par une autre), soit faire appel à plusieurs ressources. On parle alors de plusieurs dizaines de milliers de dollars par année.
Les allégements
Que ce soit pour la consommation de médicaments ou non, les dépenses considérées comme des « frais médicaux admissibles » donnent droit à un crédit, tant au fédéral qu’au Québec. Dans la mesure où les critères sont remplis, le revenu versé à une personne prodiguant des soins à domicile pourra être comptabilisé dans les frais médicaux.
Si votre logiciel de calcul ne considère pas ces crédits, vous pourriez estimer le montant des frais médicaux après impôts dans les projections.
Pour ce faire, au fédéral, vous pouvez estimer l’impact fiscal en multipliant par 12,5 %, la partie admissible qui dépasse 3 % du revenu net de la personne faisant la demande (le conjoint ou la conjointe ayant le revenu net le plus faible, le cas échéant). Au Québec, il faut multiplier par 14 % la partie admissible qui excède 3 % du revenu familial net. Il existe également des crédits remboursables pour frais médicaux pour les personnes à revenu modeste.
Si le revenu net varie beaucoup dans le temps, on pourrait alors utiliser un revenu net moyen pour faire cette estimation.
Le logement et les services

Comme mentionné précédemment, bien des gens souhaitent conserver leur maison le plus longtemps possible. Ainsi, dans les dernières années de leur résidence, il est très possible que plusieurs frais viennent s’ajouter aux dépenses ordinaires.
Outre l’aide à domicile, les frais d’entretien extérieurs, pouvant prendre plusieurs formes, sont un exemple de dépenses qui devront potentiellement être ajoutées au budget.
Plus les clients ou les clientes sont attachés à leur maison, plus il sera difficile de la quitter. Évidemment, ce n’est pas le problème du Pl. Fin. ou de la Pl. Fin., mais celui-ci ou celle-ci doit faire des hypothèses raisonnables quant au moment de vente de la résidence. Ces hypothèses doivent être présentées de manière claire et délicate afin d’éviter de créer de l’inconfort.
En revanche, au lieu de payer pour obtenir de l’aide à domicile, plusieurs préféreront déménager dans une résidence privée pour aînés (RPA). À l’instar des salaires payés à des préposés à domicile, les montants en jeu, ici, peuvent être importants. En effet, ces montants peuvent atteindre plus de 75 000 $ par année, selon le type de résidence.
Un article de Claudine Hébert paru dans le journal Les Affaires en octobre dernier indique comment les différents coûts mensuels chargés dans les RPA sont ventilés, selon une enquête qu’elle a menée. De façon générale, on peut les résumer ainsi :
- Loyer d’un logement de base : entre 1700 $ et 2400 $
- Loyer d’un logement avec soins : 2800 $ à 4800 $
- Repas : 500 $ (un repas) à 1100 $ (trois repas)
- Stationnement : 40 $ à 150 $
- Gestion de la médication (une fois/jour) : 170 $ à 210 $
- Aide au bain ou à la douche (une fois/semaine) : 175 $ à 325 $
- Consultation assistance santé : 50 $ à 70 $ de l’heure
On constate que les frais peuvent grimper de façon importante avec l’utilisation des services pour les personnes en perte d’autonomie. Des services offerts par des spécialistes du domaine de la santé, tels des physiothérapeutes, ergothérapeutes ou pharmaciens peuvent faire partie du coût. On comprend pourquoi les formules de type « tout inclus » peuvent coûter une petite fortune.
Il faut également être conscient du fait que, dans un couple, des économies d’échelle peuvent faire en sorte que la facture ne sera pas doublée. Le frais de « logement de base » pourrait ainsi être partagé à deux, mais les repas et bien des services seront chargés en double.
À cette étape, dans la décision de quitter ou non le domicile de longue date, le produit de la vente de la résidence principale joue un rôle central. Nombreux sont ceux qui croient que l’argent reçu à la suite de la disposition pourra servir à payer un loyer pendant le reste de la vie.
Ce n’est pas impossible, mais avant de tirer une telle conclusion, il faut évidemment faire des calculs.
Une maison d’une valeur d’un million de dollars permet de payer combien d’années en RPA à un coût de 100 000 $ par année?
Avec des chiffres arrondis, on voit bien qu’après une dizaine d’années, il n’en restera plus beaucoup. Par conséquent, si la maison est vendue à l’âge de 80 ans, les fonds ne permettront de couvrir les frais que jusqu’à environ 90 ans.
Il est vrai qu’à 100 000 $ pour un couple, ce n’est pas une RPA d’entrée de gamme. Est-ce possible d’en dénicher une à 50 000 $ par année?
Oui, dans la mesure où peu de services sont inclus.
À titre comparatif, il faut savoir qu’un centre d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) charge quasiment ce montant pour un couple dans une chambre à deux lits.
La pire situation : les personnes sans ressources financières
Peu importe le scénario envisagé, il est important d’instruire votre client ou cliente sur le pire scénario qui s’offre à lui, côté logement. Cela pourrait influencer ses objectifs à plus court terme. Ce scénario prend la forme d’un épuisement des ressources financières de son vivant ce qui le ou la conduirait dans un CHSLD, peut-être après une période d’attente.
À la différence des RPA, ces institutions sont publiques. Mais ce n’est pas pour cela qu’elles sont gratuites. À l’instar de plusieurs RPA haut de gamme, elles sont de type « tout inclus », mais leur coût varie en fonction de l’intimité désirée. Par exemple, en 2025, le coût est de 2 198,10 $ pour une chambre individuelle, 1 836,30 $ pour une chambre à deux lits et 1 368,00 $ pour une chambre à trois lits et plus.
Ces tarifs représentent les montants maximums à payer. En effet, une personne dont les revenus et les ressources sont limités aura droit à une « exonération » qui peut, à la limite, couvrir ces montants.
La contribution mensuelle, pour une personne seule, est calculée à partir de la formule suivante :
(A + B - C - D) + E
Où
- A est la somme de tous les revenus, sauf dans de rares exceptions ;
- B est égal à 1 % de la valeur des actifs non liquides considérée qui excède 2500 $ ;
- C est un montant de 342 $ ;
- D est un impôt estimé payable mensuellement ;
- E est égal à 1 % de la valeur des actifs liquides (comptes bancaires, FERR, CELI…) qui excède 2500 $.
L’expression « revenu de contribution », définie dans la loi, correspond à A + B - C. Lorsqu’on y soustrait l’élément D (les impôts), on obtient la contribution financière que la personne pourrait devoir consacrer à son hébergement. Si cette contribution est inférieure au montant maximal payable, la personne bénéficie alors d’une « exonération ».
Finalement, cette exonération sera rajustée à la baisse en tenant compte de l’élément E, d’où le signe « + » qui augmente la contribution. Dans le cas d’un couple, les revenus et actifs de l’époux ou de l’épouse ou du conjoint ou de la conjointe sont pris en compte dans le calcul.
Exemple :
Une personne seule possède une résidence d’une valeur de 400 000 $ et une automobile d’une valeur de 15 000 $. Ses seuls revenus sont la pension de la Sécurité de la vieillesse (PSV) de 800,44 $ et une rente de retraite du Régime de rentes du Québec (RRQ) de 500 $.
Calculons la formule (A + B - C - D) + E.
L’élément A est égal à 1 300,44 $, soit le total de la PSV et de la rente du RRQ.
L’élément B est constitué de deux parties :
- l’automobile, dont la valeur considérée bénéficie d’une déduction de 10 000 $. La valeur considérée est donc de 5000 $ (15 000 - 10 000) ;
- la résidence principale, qui appartient aux autres actifs non liquides, et qui bénéficie d’une déduction de 381 924 $. La valeur considérée est donc de 18 076 $ (400 000 - 381 924) ;
Le total des valeurs considérées est donc de 23 076 $. L’excédent de 2 500 $, soit 20 576 $ est multiplié par 1 % pour calculer la contribution mensuelle.
L’élément B est donc égal à 205,76 $ (20 576 × 1 %).
Le revenu de contribution (A + B - C) est ainsi égal à 1 164,20 $ (1 300,44 + 205,76 - 342,00).
Pour simplifier notre exemple, disons que les impôts, à ce niveau de revenu, sont estimés nuls.
Si la personne désire une chambre privée, son revenu de contribution après impôts est donc insuffisant de 1 033,90 $ (2198,10 - 1 164,20), ce qui constitue son exemption.
Cependant, cette exemption est réduite d’un dollar pour chaque dollar d’actifs liquides excédant 2 500 $. Cela signifie que dès que cette personne a des actifs liquides de plus de 3 534 $ (1 034 + 2500), elle doit payer le montant maximum pour son hébergement.
Votre client ou cliente doit comprendre que tant qu’il reste des actifs liquides, il ou elle paiera le montant maximal d’hébergement jusqu’à ce que ses comptes soient presque à sec.
Le gouvernement a développé un outil d’estimation qui donne une idée des montants selon les revenus et les actifs. Il faut toutefois savoir que certaines hypothèses inhérentes au modèle, dont des impôts à 50 %, peuvent ne pas correspondre à la réalité.
Les allégements
Au fédéral, il existe un minimum de trois crédits d’impôt pour aider les personnes à retarder leur déménagement dans une RPA ou un CHSLD.
- Crédit canadien pour aidant naturel : ce crédit non remboursable est d’une valeur maximale de quelque 1000 $ et est le résultat du maximum entre deux calculs.
- Crédit d’impôt pour l’accessibilité domiciliaire : ce crédit non remboursable est maximisé à environ 2500 $ et est attribué dans le cadre de rénovations qui respectent différents critères. À noter que certaines dépenses peuvent aussi être admissibles comme frais médicaux, d’où une double prise en compte.
- Crédit d’impôt pour la rénovation d’habitations multigénérationnelles : ce crédit remboursable peut atteindre plus de 6000 $, car le taux fédéral de 12,5 % s’applique sur une dépense maximale de 50 000 $.
Au Québec, au moins trois crédits aident également les personnes à reporter le moment où elles quitteront leur domicile.
- Crédit pour aider un aîné ou une aînée à garder son autonomie : c’est un crédit remboursable de 20 % des dépenses admissibles excédant 250 $. Il est possible de demander une rétroactivité de dix ans. Cela peut constituer un montant important.
- Crédit pour maintien à domicile des aînés : la valeur de cet important crédit remboursable varie selon les situations. Dans un couple, il peut atteindre près de 20 000 $. À noter que ce crédit est accessible même après avoir quitté son domicile.
- Crédit d’impôt pour personnes aidantes : c’est un crédit remboursable dont le montant maximal est de quelque 3000 $.
Si des dépenses importantes sont effectuées, il peut être judicieux d’indiquer les montants après impôts dans la planification de la retraite (à moins que votre logiciel de calcul puisse utiliser les montants bruts).
Les dépenses des dernières années de vie peuvent fluctuer avant de se stabiliser. Ainsi, si votre outil de calcul le permet, vous pourriez illustrer, par exemple, une augmentation des frais médicaux sur une certaine période, avant que ces coûts ne se stabilisent. Comme l’inflation sur le coût des médicaments est historiquement supérieure à l’inflation générale, vous pourriez utiliser une indexation plus prononcée de cette dépense jusqu’à la fin des projections financières.
L’autre côté de la médaille

Nous avons abordé l’importance de ne pas négliger certaines dépenses dans les dernières années de vie. Évidemment, lorsque ces dépenses sont déjà prévues dans le plan financier, les mauvaises surprises seront atténuées.
Cela cause toutefois une pression sur l’épargne pour les personnes encore sur le marché du travail. Si votre client ou cliente est retraité, il est possible qu’il ou elle doive réduire certaines autres dépenses afin de bien préparer ses dernières années.
Cependant, aussi important qu’il soit de ne pas négliger certaines dépenses, il est tout aussi essentiel de considérer les entrées de fonds à venir. En plus du produit de la vente de la maison, comme nous l’avons vu, cela peut inclure un héritage. Si les montants sont incertains, il faut évidemment être conservateur, mais afin de donner un portrait financier aussi précis que possible, il serait peu judicieux d’ignorer des entrées de fonds importants susceptibles de servir à combler les besoins des dernières années de vie.
La durée des projections

Cet élément est relativement facile à respecter et à signifier au client ou cliente. Les Normes d’hypothèses de projection développées par l’Institut de planification financière contiennent un tableau indiquant les probabilités de survie des personnes selon leur âge.
À moins d’éléments affectant spécifiquement l’espérance de vie du client ou de la cliente, cette table devrait être utilisée pour déterminer la durée des projections. Il est recommandé de ne pas fixer une durée de projection inférieure à une probabilité de survie de plus de 25 %.
Cependant, comme nous l’avons vu, si votre client ou cliente vise une santé globale et adopte une hygiène de vie en conséquence, il y a des chances que ses probabilités de décéder soient inférieures à celles illustrées dans la table. Dans ce contexte, il faudra repousser davantage l’âge de décès.
De plus, avec les avancées scientifiques, il n’est pas dit que l’espérance de vie, comme l’espérance du nombre d’années en bonne santé, n’augmentera pas de façon significative au cours des prochaines décennies. Cela crée une pression additionnelle sur un âge de décès tardif.
Une fois les dépenses planifiées établies, si les projections arrivent « tout juste », c’est-à-dire que les liquidités suffisent tout juste pour couvrir les besoins jusqu’à la dernière année de projection, cet élément devrait être discuté avec le client ou la cliente. Cette discussion doit traiter non seulement de sa probabilité de survie selon la table, mais aussi de l’opinion du client ou de la cliente quant à l’adéquation de l’âge de décès choisi.
Le client ou cliente doit ainsi être à l’aise avec le choix de l’âge pour clore les projections, et comprendre les implications financières s’il dépasse cet âge.
Si les ajustements nécessaires sont trop importants — le client ou la cliente considère que son niveau de vie est trop réduit en cas de survie — vous devriez explorer quelques pistes de solution impliquant notamment une protection accrue de la longévité par le biais d’un report maximal des rentes des régimes publiques et l’achat de rentes viagères auprès d’un assureur (incluant une rente viagère différée à un âge avancé) en choisissant des options adéquates pour la situation.
Pour une personne en bonne santé qui n’a pas de problème à se rendre à 72 ans avec ses comptes de retraite, il n’y a plus de contre-indication à reporter sa rente de retraite du RRQ à cet âge et sa PSV à 70 ans.
En effet, les changements apportés au RRQ en 2024, garantissant les gains moyens pendant la période de report, font en sorte que le montant maximal, en 2025, est de près de 26 500 $ par année pour une rente initiale débutant à 72 ans.
Ajoutons à cela une PSV reportée de 60 mois qui donne près de 11 900 $, on obtient un revenu viager de près de 38 300 $ qui augmentera de près de 1 200 $ à l’âge de 75 ans, grâce à la PSV. Dans un couple, cela représente donc un revenu potentiel de près de 80 000 $, ce qui est significatif.
Conclusion
En matière de conformité, la planification de la retraite implique notamment l’utilisation et la transmission d’informations détaillées au client ou à la cliente en ce qui a trait aux différents paramètres utilisés pour réaliser les projections. L’une des variables importantes est le total des coûts associés au vieillissement.
Ces coûts peuvent être de nature médicale, mais aussi être engendrés par le logement et les services offerts aux aînés. Ne pas considérer ces dépenses dans une planification de retraite pourrait constituer une faute déontologique, en particulier dans une situation où le client ou la cliente a des objectifs successoraux qui pourraient être grandement réduits. Le Pl Fin. ou la Pl. Fin. doit faire tout son possible pour connaître et transmettre à son client ou sa cliente toutes les informations pertinentes afin d’élaborer une planification de retraite optimale.