À quoi sert l'assurance vie?

Comme un système d’alarme ou un extincteur de feu, une assurance est un curieux produit que nous nous procurons en espérant ne jamais l’utiliser. À quoi donc sert l’assurance vie? Comment déterminer notre besoin? Dans cet article, nous tenterons d’abord de comprendre l’ingrédient actif d’une assurance par l’exemple de l’assurance habitation, pour ensuite examiner la manière de calculer un besoin d’assurance vie.

À QUOI SERT UNE ASSURANCE?

Pour comprendre le but et le fonctionnement d’une assurance, examinons l’exemple d’une assurance habitation qui couvre, entre autres, les dommages en cas d’incendie.

La perte totale d’une maison unifamiliale entraîne des frais liés à la reconstruction, au remplacement des biens et à l’hébergement pendant la reconstruction. Les frais pourraient s’élever à plusieurs centaines de milliers de dollars. Sans assurance, peu de gens pourraient se relever financièrement d’une telle mésaventure.

Dans cet exemple simplifié, la personne assurée verse une prime pour éviter d’avoir à payer les coûts liés à la reconstruction et au remplacement en cas de sinistre. Elle échange des coûts abordables, c’est-à-dire la prime, pour éviter les coûts inabordables de la reconstruction.

Pour que l’assurance fonctionne, le total des primes payées par la clientèle doit être supérieur au total des indemnités versées par l’assureur (en n’oubliant pas ses frais administratifs), sans quoi ce dernier ne sera plus en mesure d’honorer ses obligations. Un assureur qui prévoit qu’une personne sur 500 parmi une clientèle comparable aura un sinistre de 500 000 $ devra nécessairement exiger une prime de 1 000 $ à chacun. Au terme de l’année, 499 personnes auront 1 000 $ en moins, mais aucune n’aura subi une perte financière catastrophique.

À QUOI SERT L’ASSURANCE VIE?

On peut classer les pertes financières liées au décès en deux types. Le premier type de pertes est lié aux frais consécutifs au décès, comme les frais funéraires et les honoraires professionnels liés au règlement de la succession. Le deuxième type de pertes est celui subi par des personnes qui dépendent financièrement du défunt ou de la défunte, comme de jeunes enfants qui dépendent de leurs parents ou des personnes en couple ayant un important écart de revenu.

COMMENT ÉVALUER UN BESOIN?

Le besoin d’assurance vie se calcule en évaluant ces deux types de pertes.

Voyons l’exemple de Tom et Gina, tous les deux âgés de 30 ans. Tom gagne un salaire après impôt de 30 000 $ alors que Gina gagne 90 000 $, pour un total de 120 000 $. De ce montant, le couple épargne 10 000 $ et dépense 110 000 $ annuellement.

En cas de décès de Gina, la perte des revenus poserait un important problème pour Tom. En moyenne, le défunt emporte 20 % des dépenses d’un ménage. Cependant, cette réduction est nettement insuffisante pour compenser la perte des revenus. À moins de réduire ses dépenses, Tom aura besoin de 58 000 $ chaque année pour éviter de s’endetter.


Coût de vie110 000
Dépenses du défunt-22 000
Revenus du survivant-30 000
Manque à gagner annuel58 000


Même dans cet exemple simplifié, il s’agit d’une perte financière catastrophique pour Tom, qui mettrait en péril ses projets. De combien Tom aurait-il besoin pour éviter de réduire ses dépenses d’ici à sa retraite? Nous avons calculé que Tom aurait besoin de recevoir un peu plus de 1,7 M$. À ce montant, il faut ajouter les dépenses consécutives au décès de 20 000 $, et tout montant nécessaire à la retraite de Tom. Voilà à quoi sert une assurance vie.

À QUEL MOMENT N’AI-JE PLUS BESOIN D’UNE ASSURANCE VIE?

La durée du besoin n’est pas un détail qui intéresse uniquement les spécialistes. En fait, une assurance vie permanente, qui reste en vigueur jusqu’au décès, peu importe la date, coûte cher. En effet, son prix est de trois à dix fois plus élevé qu’une assurance temporaire, parfois plus encore. La différence entre une prime annuelle de 500 $ ou une prime annuelle de 5 000 $ est importante pour un ménage, qui pourrait utiliser cet argent pour rembourser un solde de carte de crédit, un solde d’hypothèque ou investir dans un REER.

Dans notre exemple, Tom a besoin d’une couverture d’assurance sur la vie de Gina pour éviter de se trouver dans le pétrin financier si le pire devait arriver à sa conjointe. Cette situation de vulnérabilité change avec le temps et risque de s’améliorer. Dans ce cas, les besoins en assurance vont diminuer avec le temps et il faut choisir adéquatement sa police d’assurance.

Imaginons que le couple prend sa retraite à 65 ans et que cette retraite est adéquatement financée. Nul doute que le décès de Gina à ce moment serait tragique pour Tom. Cependant, étant donné que les revenus du couple ne proviendront plus de leur travail respectif, il n’y aura plus de conséquences financières qui s’ajouteront aux conséquences humaines. Une planification successorale adéquate leur permettra d’éviter l’essentiel des impacts fiscaux. Gina n’aura donc plus besoin d’assurance vie.

POSEZ DES QUESTIONS

Le besoin d’assurance, que ce soit en cas de décès, de maladie ou d’accident, débute avec une analyse chiffrée. Si vous pensez souscrire une assurance, méfiez-vous si l’analyse se limite à consigner quelques renseignements à votre sujet. N’hésitez pas à poser des questions sur la démarche proposée.

Certaines personnes qui n’ont plus de dettes non déductibles de leurs revenus et qui ont pleinement contribué au REER et au CELI pourraient utiliser l’assurance comme outil d’investissement. Ce sont cependant de rares exceptions. Il s’agit de gens avec de très hauts salaires ou des entrepreneurs ou entrepreneuses détenant d’importantes sommes dans une société de gestion, ce qui n’est pas le cas de Tom et Gina.