Aider son enfant à devenir propriétaire : 8 conseils essentiels pour les parents

Par Charles Rioux Rousseau, planificateur financier

Devenir propriétaire est un rêve parfois inaccessible, surtout pour les jeunes générations. Les raisons incluent le coût élevé des immeubles, les taux d’intérêt élevés, les revenus instables et un historique de crédit défavorable. Dans ce contexte, certains parents souhaitent aider leurs enfants à acheter leur première maison. Mais est-ce vraiment une bonne idée ?

Voici 8 conseils à considérer avant d'aider votre enfant à devenir propriétaire.

1. Votre enfant veut-il vraiment de votre aide ?

Ce n’est pas parce que vous aviez l’objectif de devenir propriétaire que votre enfant partage ce rêve. Le culte de la propriété est bien ancré dans notre société, mais ce n’est pas une nécessité pour tous. Pour certains, les responsabilités financières, l’entretien et les risques peuvent être des obstacles à leur liberté. Votre enfant pourrait avoir d’autres projets plus importants. Avant de l’aider, discutez-en ensemble!

2. Avez-vous les moyens d’aider votre enfant à devenir propriétaire?

Avez-vous réellement les moyens d’aider financièrement votre enfant ? Vos avoirs seront-ils suffisants pour subvenir à vos besoins jusqu’à la fin de vos jours ? Qu’arrivera-t-il si vous vivez plus longtemps que prévu ? En aidant maintenant, vous pourriez avoir besoin d’aide plus tard. Un planificateur financier ou une planificatrice financière peut vous accompagner pour déterminer si vous pouvez donner, et quel montant, sans compromettre votre sécurité financière à long terme.

3. D’où vient l’argent ?

Si vous donnez une somme d’argent, vous devrez la prendre quelque part. Retirer des sommes de votre CELI n’aura pas d’incidence fiscale, mais ce n’est peut-être pas la meilleure option. Si vous prenez l’argent dans votre épargne-retraite enregistrée (REER, FERR, CRI, FRV, etc.), le montant sera imposable. Vendre certains actifs, comme un immeuble ou une partie de votre compte non enregistré, générera probablement un gain en capital. Est-ce le bon moment pour vendre ? Peut-être pas. Si vos avoirs sont peu liquides ou si vos revenus sont composés uniquement de revenu viager, comme une rente de retraite privée, les options peuvent être limitées. Discutez-en avec votre planificateur financier ou planificatrice financière.

4. Aidez-vous vraiment votre enfant ?

Même avec de bonnes intentions, aider quelqu’un peut parfois lui nuire. Si votre enfant a besoin de votre aide financière pour acheter une propriété, c’est peut-être parce qu’il n’a pas les moyens de devenir propriétaire. L’acquisition est une étape importante, mais il faut planifier au-delà. Une maison implique des coûts récurrents et parfois même des surprises coûteuses. Votre enfant pourra-t-il assumer ces dépenses ? Devrez-vous l’aider de nouveau ? Attention à ne pas inciter votre enfant à acheter au-delà de ses moyens, cela pourrait aggraver la situation.

5. Tirer profit du CELIAPP ou du RAP

Certains programmes, comme le CELIAPP ou le RAP, offrent des avantages fiscaux pour l’achat ou le financement d’une première propriété. Aider vos enfants à cotiser à ces régimes et profiter des incitatifs fiscaux peut être très bénéfique. Cela pourrait être le levier pour atteindre leur objectif. Cotiser à ces régimes réduit leur charge fiscale et peut augmenter leurs prestations sociofiscales. Pour les grands-parents, l’effet est encore plus important, surtout si les petits-enfants fréquentent un service de garde.

💡 Vous pourriez faire un pacte avec votre enfant : s’il ou elle cotise un montant à son CELIAPP ou à ses REER dans le but de « rapper » éventuellement, vous pourriez contribuer un montant équivalent. Ce pourrait être un incitatif motivant!

6. Prêter plutôt que donner

Vous pouvez aider votre enfant sans nécessairement lui donner de l’argent. Prêter une somme d’argent peut lui permettre de concrétiser un projet ou de saisir une opportunité. Vous pourriez vouloir prêter sans intérêts, mais attention aux règles d’attribution. Bien qu’il soit peu probable que les règles d’attribution s’appliquent dans ce contexte, c’est tout de même une possibilité. Votre planificateur financier ou planificatrice financière et votre conseiller ou conseillère fiscal peuvent vous aider à prévenir certains imbroglios avec le fisc.

Si vous prêtez de l’argent à votre enfant avec intérêts, cela signifie que votre enfant vous versera des intérêts. Il est important de se rappeler que ces intérêts seront imposables pour vous et que vous devrez les déclarer lors de la préparation de vos déclarations de revenus.

Documenter, documenter, documenter. Cet adage est souvent répété par les gestionnaires et les conseillers et conseillères juridiques. C’est une très bonne habitude, peu importe votre profession. C’est aussi une bonne habitude dans un contexte personnel. Si vous prêtez de l’argent à votre enfant (ou à n’importe qui d’autre), rédigez un contrat de prêt. Cela peut prévenir les malentendus entre les personnes qui prêtent et celles qui empruntent, et même les conflits avec les autres membres de la famille.

Les écrits restent, mais les paroles s’envolent.

7. Cosignataire ou copropriétaire ?

Vous pouvez aider votre enfant à devenir propriétaire en vous portant garant. En étant cosignataire du prêt, vous vous engagez à faire les remboursements si votre enfant ne peut pas remplir les obligations du prêt. En cosignant, vous palliez son historique de crédit déficient ou ses revenus insuffisants ou irréguliers. Évaluez les conséquences et les implications de cette garantie. Ce n’est pas banal, se porter garant.

Devenir copropriétaire avec votre enfant peut être une autre option. Cela implique de partager la propriété d’un immeuble avec votre progéniture, ce qui n’est pas anodin. Les implications légales et fiscales doivent être considérées. Vous pourriez également devenir copropriétaire avec votre gendre ou votre bru, ce qui peut poser des problèmes en cas de conflit.

Il existe aussi divers arrangements, comme un contrat de prête-nom, où vous ne seriez pas réellement propriétaire de l’immeuble. Bien que légal, il est préférable d'être bien conseillé dans ce contexte

8. Le cadeau de la littératie financière

Si vous ne pouvez pas aider financièrement votre enfant, vous pouvez l’aider autrement. Aidez-le à comprendre les implications financières de devenir propriétaire. Partager votre expérience et les conseils que vous avez reçus ou les leçons tirées de vos erreurs peut être un cadeau inestimable. Encourager vos enfants à développer leur littératie financière, c’est important.

Autres défis !

Il est important de reconnaître que l’aide financière des parents peut également engendrer des défis émotionnels et relationnels. Les dynamiques familiales pouvant être compliquées par les questions d’argent, il est crucial d’aborder ces sujets avec transparence et respect.

Les parents doivent également veiller à ce que leur aide ne compromette pas l’autonomie et la responsabilité de leurs enfants. L’objectif est de les soutenir dans leur parcours vers l’accession à la propriété, sans pour autant les priver de l’expérience et des apprentissages associés à cette démarche.