Ainsi, bien souvent, il s’agira de l’achat le plus important de toute une vie. C’est d’autant plus vrai que le nombre de transactions immobilières réalisé dans une vie peut très souvent se compter sur les doigts d’une seule main.
Cependant, devenir propriétaire s’est complexifié dans les dernières années en raison de facteurs comme la hausse des prix, l’augmentation restreinte des logements disponibles, la démographie, la hausse des taux d’intérêt, etc.
Cette situation peut engendrer du stress chez les personnes qui peinent à réaliser leur rêve de devenir propriétaire. Étudions cela plus en détail.
Situation de l’immobilier
L’accessibilité immobilière au Québec, tant pour la location que pour l’acquisition, est une problématique complexe. Plusieurs facteurs la restreignent, notamment la surchauffe du marché caractérisée par une demande locative explosive qui s’accroît plus rapidement que l’offre de logements, ainsi qu’une augmentation significative des prix pour l’achat de propriétés.
Le Québec est en proie à une crise du logement. Le taux d’inoccupation est à son plus bas depuis 2004 et le coût des loyers augmente de façon importante. Cette situation peut s’expliquer par la forte demande en logements, la rareté des nouvelles constructions et la hausse des prix des matériaux. La crise touche toutes les régions du Québec, tant les grandes villes que les régions rurales.
Au nombre des solutions figurent la construction de plus de logements abordables, l’aide aux locataires à faible revenu et l’encadrement des hausses de loyer. Même si à court terme l’évolution du marché locatif au Québec est incertaine et que la pression sur les prix devrait demeurer aussi forte, la situation devrait s’améliorer à long terme puisque de nouveaux logements seront construits.
Ce contexte n’est pas propre au Québec, mais s’étend à l’ensemble du pays avec certaines nuances suivant la région. Le problème d’accessibilité immobilière dans les grands centres urbains canadiens exige que 3,5 millions de logements supplémentaires soient construits d’ici 2030 pour renverser la cadence selon un rapport de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) de 2022. Le rapport souligne qu’en Ontario et en Colombie-Britannique, où l’accessibilité a le plus diminué, il faut augmenter de deux tiers le nombre de logements. Pour y parvenir, il faut augmenter l’offre de logements locatifs et, pour les propriétaires-occupant(e)s, rendre les promoteurs et promotrices plus productifs, en plus d’accélérer les processus réglementaires. L’objectif est de réduire les coûts de logement et d’en améliorer l’accessibilité afin de répondre aux besoins de toute la population canadienne.
L’accessibilité touche de manière plus importante la jeune génération qui veut faire un premier achat immobilier alors que les prix ont beaucoup augmenté et que les taux d’intérêt sont particulièrement élevés. Il est plus difficile pour eux de réaliser leur projet.
Selon le professeur d’économie de l’Université Sherbrooke, Mario Fortin, plusieurs facteurs expliquent cette situation:
- la pandémie : l’épargne accumulée pendant la pandémie a stimulé la demande de logements ;
- les bas taux d’intérêt : les taux d’intérêt qui étaient bas en 2022 et pour une partie de 2023 ont permis aux gens d’emprunter des sommes importantes et d’acheter des maisons ;
- la séparation des couples qui a augmenté la demande de logements ;
- la croissance démographique : l’augmentation de la population a accru la demande de logements ;
- les coûts élevés de construction : la rareté de la main-d’œuvre et les besoins d’infrastructures ont freiné la construction résidentielle ;
- l’inflation qui a fait grimper les taux d’intérêt, rendant le financement des logements plus chers.
Le marché immobilier québécois est confronté depuis plusieurs mois à des défis significatifs. La concurrence accrue pour l’accès à la propriété, qui accentue le stress pour de nombreux résidents, en est un. L’accessibilité est une préoccupation majeure, notamment parce que les prix de l’immobilier croissent plus vite que les revenus des ménages, et cela rend difficile pour de nombreuses familles l’acquisition d’un logement adéquat sans que leur budget soit compromis. La pénurie de logements, particulièrement ceux qui sont abordables, ajoute à la pression, obligeant certains ménages à opter pour des habitations de moindre qualité ou mal situées. La compétition acharnée sur le marché oblige les acheteurs et locataires à prendre des décisions rapides, souvent sans avoir le temps nécessaire pour évaluer toutes les options, ce qui ajoute au stress et à l’incertitude.
L’incertitude liée au renouvellement hypothécaire et à la hausse souvent importante de paiements que cela engendre peut aussi nourrir un sentiment d’instabilité. D’autant que les difficultés d’accès au logement peuvent impacter la qualité de vie, par exemple en forçant les individus à endurer de longs trajets pour leurs déplacements et à vivre dans des conditions parfois précaires, susceptibles d’affecter leur santé physique et mentale. Des solutions impliquant des politiques publiques sont nécessaires pour augmenter l’offre de logements abordables et réguler les marchés afin de prévenir les hausses excessives de prix. Ces mesures sont cruciales pour atténuer le stress et l’anxiété liés à l’accès au logement et pour améliorer le bien-être général des Québécois.
Le stress
Les finances personnelles sont un des nombreux domaines dans lequel peut se manifester le stress. Il s’agit en effet d’une expérience universelle qui touche les individus à tous les stades de leur vie. Il existe plusieurs définitions du stress. Voici celle de l’Organisation mondiale de la santé : « Le stress est un état d’inquiétude ou de tension mentale causé par une situation difficile. Il s’agit d’une réponse humaine naturelle qui nous incite à relever les défis et à faire face aux menaces auxquels on est confrontés dans notre vie ». Ce phénomène peut tirer sa source de plusieurs domaines. Par exemple, si on prend la situation du travail, l’INRS est d’avis que le stress y survient lorsqu’un déséquilibre est perçu entre les exigences professionnelles et les ressources disponibles pour y faire face. Les effets prolongés du stress peuvent nuire à la santé et impacter négativement les entreprises, entraînant des pertes de productivité et de motivation, entre autres.
Le terme « stress » a été introduit par l’endocrinologue Hans Selye. Il est un pionnier des études sur le stress et le fondateur de l’Institut de médecine et chirurgie expérimentale de l’Université de Montréal. Au fil des décennies, plusieurs experts et chercheurs ont étudié le stress et ses impacts dans divers domaines. Une de ces chercheurs est Sonia Lupien, professeure titulaire au Département de psychiatrie de l’Université de Montréal, fondatrice et directrice du Centre d’études sur le stress humain (CESH) et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur le stress humain.
Ses travaux révèlent entre autres l’importance des facteurs sociaux dans la gestion du stress, indiquant que le soutien social joue un rôle clé dans l’atténuation de ses effets. L’approche multidisciplinaire de Mme Lupien offre une vision holistique du stress, combinant neurosciences, psychologie et sociologie pour mieux comprendre et intervenir face au stress.
La recherche a identifié quatre éléments clés universellement stressants : le Contrôle (ou son absence), l’Imprévisibilité, la Nouveauté et un Ego menacé, formant l’acronyme C.I.N.É. Ces facteurs déclenchent la sécrétion d’hormones de stress chez pratiquement tout le monde, indépendamment de la spécificité de la source de stress individuelle. Bien que les circonstances puissent varier d’une personne à l’autre, la réaction au stress est universelle, nécessitant la présence d’un ou plusieurs de ces ingrédients pour que le stress se manifeste.
En somme, les recherches de Sonia Lupien enrichissent considérablement la compréhension du stress et révèlent les mécanismes biologiques, psychologiques et sociaux qui le sous-tendent. Ses études montrent qu’une connaissance approfondie de ses facteurs déclencheurs et des stratégies d’adaptation permettent une meilleure gestion du stress pour en faire une force constructive.
Conclusion
Dans un contexte où le stress financier lié à l’immobilier est des plus préoccupants, il devient essentiel de comprendre ses impacts. La crise de l’accessibilité immobilière au Québec et au Canada soulève des défis majeurs, notamment pour les jeunes aspirants et aspirantes propriétaires. Divers facteurs incluant des taux d’intérêt historiquement bas et la hausse des coûts de construction ont propulsé la demande, rendant l’acquisition d’un logement plus complexe. Face à cette réalité, il est de mise d’augmenter l’offre de logements abordables et de faciliter l’accès à la propriété pour tous.
En parallèle, ce contexte peut occasionner entre autres du stress chez les jeunes adultes plus spécifiquement. Une saine planification financière peut améliorer le sentiment de contrôle et atténuer l’imprévisibilité liée aux finances personnelles. Ces sujets seront abordés durant le prochain Congrès de l’Institut de planification financière à l’automne 2024.
Vos conseils ainsi qu’un plan financier concret et approprié aideront vos clients et clientes à se sentir aptes à surmonter le défi immobilier et ainsi réduiront le stress qu’il génère. Une saine gestion du stress sous-tend l’importance d’approches multidisciplinaires en planification financière pour aborder cette problématique.
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